Résumé

En raison de son statut de dominion dans l’Empire britannique, le Canada est automatiquement engagé dans la Première Guerre mondiale qui se déclenche en Europe à la fin de l’été 1914. Le Canada n’est pas prêt militairement à une guerre de grande envergure, mais dépêche tout de même rapidement en Europe une 1^re Division forte de 33 000 hommes qui, réunie au camp de Valcartier, quittera le port de Québec en octobre 1914. Cette division accueille dans ses rangs de nombreux francophones, qui sont cependant incorporés parmi les unités anglophones créées pour l’occasion.  

Des pressions sont rapidement exercées au Québec par des notables de l’époque pour créer un bataillon spécifiquement de langue française. Leurs efforts conduisent à la création officielle du 22^e Bataillon (canadien-français) le 21 octobre 1914.

Le castor fut choisi comme insigne régimentaire avec l’inscription « canadien-français » et la devise « Je me souviens ». Pas de doute sur l’origine de la majorité des membres de ce singulier bataillon. Il est tout de même intéressant de noter que sur les 1 178 soldats du 22^e qui quittent le Canada en direction de l’Europe à bord du navire Saxonia au printemps 1915, une centaine avait tout de même des origines aussi diverses que les États-Unis, la Belgique, la France, l’Angleterre, la Suisse, l’Italie, l’Espagne, le Mexique et l’Argentine…  

Une véritable famille est née avec la mise sur pied du 22^e Bataillon. Cet exposé vise à jeter un éclairage sur la composition initiale de cette famille militaire, une filiation particulière qui parfois transcende même les liens familiaux traditionnels. 22 un jour, 22 toujours…

Ce résumé est inspiré de Giguère, Richard (2019).  L’émergence des Canayens sur les champs de bataille européens :  le 22^e Bataillon (canadien-français), dans Giguère, Richard (éd).  Nous nous souviendrons - Le Québec dans la Première Guerre mondiale : Sacrifice, Détermination, Victoire (1914-1919).  Les Presses de l’Université Laval.

Biographie

Le Brigadier général (retraité) Richard Giguère cumule plus de 35 années d’expérience au sein de l’Armée canadienne. Il a fait carrière dans l’infanterie au sein du Royal 22e Régiment, et dans la diplomatie comme attaché militaire à Washington. Les postes qu’il a occupés dans sa carrière l’ont amené à travailler à l’étranger notamment en Allemagne, en Haïti, à Kaboul et à Kandahar.

Il a commandé le Deuxième Bataillon du Royal 22^e Régiment et la Citadelle de Québec, le Secteur du Québec de la Force terrestre (maintenant la 2^e Division du Canada) et la Force opérationnelle interarmées (Est). Il a aussi dirigé le Collège des Forces canadiennes de Toronto dont la mission est de préparer de hauts dirigeants militaires et civils (canadiens et étrangers) à relever des défis complexes en matière de défense et sécurité par le biais de développement professionnel et d’études universitaires créditées au deuxième cycle.

Le Brigadier général Giguère se spécialise sur des enjeux reliés à la sécurité internationale, de l’administration publique et le management stratégique dans ses rôles à l’École supérieure d’études internationales de l’Université Laval, à l’École nationale d’administration publique (ENAP) et à l’Université du Québec à Chicoutimi. Breveté de l’École de Guerre de Paris, il détient un baccalauréat avec spécialisation en études militaires et stratégiques du Collège militaire royal de Saint-Jean et un diplôme d’études supérieures spécialisées en études stratégiques de l’Université Sorbonne Paris-Nord. Il a complété des formations au Harvard Kennedy School et au Joint and Combined Warfighting School de Norfolk en Virginie. Il est le président de l’Institut militaire de Québec et le directeur adjoint du Centre sur la Sécurité internationale (CSI) de l’Université Laval. Avec deux collègues, il a fondé en 2017 une firme de consultation, Ducimus Groupe Conseil, qui fait la promotion de la pratique du leadership dans les entreprises.